DNA, Vendredi 9 Octobre 1998


Si tous les espérantistes du monde...


 Ils ne sont qu'une poignée à Strasbourg mais continuent d'espérer en l'avenir d'une langue universelle, propre à rapprocher tous les peuples. Humanistes, ils profitent du 50e anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l'homme pour ouvrir les portes de leur groupe au grand public.
 L'un a découvert l'espéranto lors d'un stage dans un institut de commerce, l'autre l'a appris auprès de la section espéranto des cheminots. Et depuis, ils ne jurent que par cette langue, inventée de toute pièce en 1887 par un médecin polonais, L.L. Zamenhof, sous le nom de Dr Espéranto (celui qui espère).

 Etienne Mensch, tout comme Gilbert Stammbach, membres du groupe espéranto de Strasbourg, reconnaissent certes ne pas avoir l'occasion de beaucoup pratiquer mais les potentiels que laissent entrevoir cette langue qui, pour être artificielle n'en est pas moins utile, les ont immédiatement convaincus.

 A ceux qui dénoncent une langue « sans culture », ils rétorquent : « C'est une langue-pont dont la vocation n'est pas culturelle mais humaniste et universelle. Il est évident que chacun doit garder sa propre langue mais l'espéranto est une seconde langue idéale parce que facile à apprendre ».

Apprentissage rapide

 Des études montrent en effet que l'espéranto, basé sur des grammaire, orthographe, vocabulaire, phonétique et syntaxe simplifiés s'apprend vingt fois plus vite que l'allemand et quinze fois plus rapidement que l'anglais par exemple. Pour un francophone, on estime à cent le nombre d'heures d'étude de l'espéranto pour atteindre un niveau « bac » dans une langue étrangère. Soit pour être capable de soutenir une conversation.

 C'est sûr, une langue qui ne connaît qu'un seul article défini, de surcroît invariable, qui ne fait varier ses adjectifs ni en genre, ni en nombre et qui ne modifie ses verbes que pour indiquer le temps ou le mode, est forcément plus facile à maîtriser que les datifs allemands ou les verbes irréguliers anglais. Et on peut se demander pourquoi l'espéranto a tant de mal à s'imposer, bien que contrairement au volapük (autre langue artificielle créée en 1879), elle est pratiquée par quelque quatre millions d'individus à travers le monde.

 « C'est pourtant la communication avec les gens qui fait la richesse d'un voyage », rappelle Gilbert Stammbach qui adore partir à l'aventure à travers le monde entier. Et s'il reconnaît qu'il lui arrive rarement de rencontrer par hasard des espérantistes (ou espérantophones comme il préfère les appeler) au cours de ses pérégrinations, le « service du passeport », un annuaire de gens qui pratiquent l'espéranto et qui sont prêts à héberger leurs frères de langue, lui est d'une précieuse aide. De son côté, Etienne Mensch insiste sur l'immense atout que représenterait « une langue universelle dans le monde des affaires, une langue neutre » de surcroît, à mille lieues d'une quelconque suprématie économique.

Portes ouvertes

 L'affirmation de l'espéranto en tant que langue universelle passe bien évidemment par sa promotion et si les politiques semblent bien frileux en la matière malgré le soutien de l'UNESCO, l'espéranto devra s'imposer de lui-même. C'est en ce sens que les espérantistes de Strasbourg entendent redynamiser leur groupe en commençant par sensibiliser le grand public. Le groupe organise donc des portes ouvertes ce dimanche à la Maison des associations. On pourra s'y informer et découvrir une exposition traitant en parallèle les droits de l'homme et l'espéranto, de même que des documents et des oeuvres littéraires (des traductions comme cet album de Tintin ou encore des ouvrages écrits directement en espéranto qui développe petit à petit sa propre littérature). On pourra surfer sur les sites espérantistes du net tout en écoutant Radio Varsovie en espéranto. A 15 h, Armand Hubert, secrétaire du groupe régional dans l'est de la France parlera des « Droits linguistiques et Espéranto », une conférence qui débouchera à 16 h sur une animation sur les droits de l'homme.
S.W.
Portes ouvertes du groupe Espéranto de Strasbourg, dimanche 10 octobre de 10 h à 17 h à la Maison des associations, 1 a, place des Orphelins.

© Dernières Nouvelles D'Alsace, Vendredi 9 Octobre 1998.


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