Le Figaro Mardi 02.08.1966 (?)


40 NATIONS PRÉSENTES AU 51e CONGRÈS DE L'ESPÉRANTO

où les 4.000 participants n'ont pas besoin de traducteurs

Budapest, 1er août, (De notre envoyé spécial.)

Quatre mille étoiles vertes sur fond blanc déambulent depuis hier dans les rues de Budapest. C'est, en effet, l'insigne des espérantistes venus, sur les bords du Danube, participer à leur cinquante et unième congrès universel. On n'en attendait pas autant mais, avec le sourire et beaucoup de gentillesse, les habitants de la capitale hongroise ont réussi à loger tout le monde.

Parmi les quarante nations représentées, les Maggyars sont naturellement les plus nombreux et leur langue, véritablement limitée aux frontières nationales, les invite à user d'un moyen de communication commode et répandu. Les délégations des pays environnants sont, elles aussi, bien fournies. Sans doute n'ont-elles pas les difficultés qu'elles rencontreraient peut-être si le congrès avait lieu à l'Ouest ? Trois cents Français offrent un bon échantillonnage de l'hexagone.

Le Japon a dépêché quelques ravissantes jeunes filles en kimonos : elles gazouillent en riant l'idiome créé par le Dr Zamenhof. En costume régional, des Hollandais prouvent que folklore, traditions et langue internationale ne sont pas contradictoires, et les Allemands, qu'ils soient démocratiques ou fédéraux, scandent avec le même sérieux des phrases pleines de aj et de on.

Quant aux Anglais, dont on connaît « l'insularité » et la certitude qu'ils ont de posséder déjà le langage universel, ils sont près de cent cinquante : proportion aussi estimable qu'étonnante

La séance inaugurale a eu lieu hier matin dans le pavillon Petôfi, au parc des Expositions. Décor traditionnel, micros, plantes vertes, mais pas de cabines pour traducteurs. En l'occurence, c'est inutile puisque tout le monde s'entend. Les orateurs non espérantophones avaient leurs interprètes particuliers.

Le vice-président de la République socialiste de Hongrie, M. Odon Kishazi, a prononcé les dernières phrases de son discours en espéranto : c'est un usage désormais passé dans les mœurs. L'exemple a été donné par qui l'on sait. Les représentants de chaque nation sont venus, tour à tour, dire quelques mots - messages d'amitié, vœux chaleureux, souhaits - pour les travaux et les prochaines initiatives.

Tout se serait déroulé normalement si l'ambassadeur de Pankow n'avait profité de son passage à la tribune pour se lancer dans une longue digression politique et parler, en des termes que l'on devine, de la situation au Vietnam. Le professeur Ivo Lapenna, président de l'Association internationale d'esperanto, a dû faire une mise au point fort nette, souligner que le diplomate est-allemand avait manqué à l'engagement pris par toutes les personnalités officielles et rappeler le principe de neutralité du mouvement espérantiste.

Après cette manifestation, où la musique avait eu sa place, les langues de l'assistance se délièrent dans la confusion d'une sortie sous la pluie.

Dans la soirée, conformément à l'autorisation donnée par le pape Paul VI pour les rencontres internationales, l'esperanto est devenu le latin laïque d'un office au cours duquel, sous la direction de Alojzio Tamàs, le chœur et l'orchestre du chapitre de Budapest ont magnifiquement interprété la Messe du Couronnement de Mozart.

Pendant toute la semaine vont se succéder conférences, rencontres, carrefours, spectacles donnés notamment par le Théâtre populaire de Lodz, le Théâtre d'art international et le célèbre Théâtre de marionnettes de la capitale hongroise. Une série de manifestations destinées à montrer, s'il en était besoin que l'esperanto est une langue vivante.

Jacques Dhaussy.


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